21.03.2013 18:22

Salle comble et discussions animées pour le coup d’envoi du grand débat citoyen 2030.lu

Forum Geesseknäppchen

Près de 450 personnes ont suivi l’invitation de l’initiative « 2030.lu Ambition pour le futur » et se sont déplacées hier soir au « Forum Geesseknäppchen » pour suivre dans le grand auditoire le premier grand débat sur l’avenir du Grand-Duché de Luxembourg.

Près de 450 personnes ont suivi l’invitation de l’initiative « 2030.lu  Ambition pour le futur » et se sont déplacées hier soir au « Forum Geesseknäppchen » pour suivre dans le grand auditoire le premier grand débat sur l’avenir du Grand-Duché de Luxembourg. Devant un public intéressé et hétéroclite, cinq orateurs ont présenté leur vision personnelle de l’avenir du pays et ont été confrontés aux questions et réactions d’un panel de jeunes, premiers concernés par l’avenir du pays.

La soirée de lancement de l’initiative « 2030.lu  Ambition pour le futur » a commencé par un échange entre le modérateur, Gabriel Boisanté et Pierre Gramegna, Directeur de la Chambre de Commerce, qui a expliqué le rôle de la Chambre de Commerce dans l’initiative « 2030.lu  Ambition pour le futur » en rappelant que celui-ci se limitait à la mise en place des plateformes nécessaires pour permettre au grand public de mener un débat sur l’avenir du pays. M. Gramegna a ensuite partagé son point de vue sur l’avenir du Luxembourg et a notamment souhaité qu’en 2030 le pays «soit toujours l’un des plus sûrs du monde », qu’il dispose d’un fonds souverain et d’une stratégie à long terme. Il a ensuite invité le public à participer à l’initiative en utilisant les différents moyens mis à leur disposition pour proposer leurs solutions et idées pour relever les défis actuels et futurs du Luxembourg.

Par la suite, cinq orateurs confirmés sont montés sur scène pour présenter leur vision personnelle de l’avenir et des défis du Luxembourg. Un panel de jeunes, issus du Parlement des Jeunes du Luxembourg et de l’Association des Cercles d’étudiant luxembourgeois (ACEL), a répondu présent pour assister à un débat intergénérationnel, qui leur a permis d’exprimer leurs opinions, leurs ambitions, mais aussi leurs inquiétudes sur les possibles scénarios d’avenir du Luxembourg. 

Prof. Dr. Rolf Tarrach, recteur de l’Université du Luxembourg et premier intervenant de la soirée, a saisi l’invitation des organisateurs pour encourager les jeunes à oser davantage, à avoir le courage de sortir des sentiers battus et à quitter leur zone de confort. La formation des jeunes n’étant, selon M. Tarrach, pas apte à préparer les jeunes suffisamment pour le marché de travail de demain, il les a invités à réaliser leurs propres expériences en acceptant de relever les défis que l’avenir leur réserve. Il s’est par ailleurs inquiété du faible niveau d’intensité de la recherche au Luxembourg et du « return on invest » déficitaire des dépenses publiques dans le secteur de l’éducation. « J’ai aussi l’impression qu’un des problèmes est justement que de nombreux jeunes luxembourgeois n’ont jamais rencontré de véritables difficultés dans leur vie». C’est avec ces mots controverses que le Professeur a invité les jeunes à faire face à l’inconnu, à explorer leur créativité et à approfondir leurs connaissances. Les jeunes n’ont pas accepté cette critique et ont répondu - sous les applaudissements du public - que leur génération a hérité de suffisamment de difficultés de la génération de leurs parents.

Marie-Christine Mariani, chef d’entreprise et « Woman Business Manager of the Year », s’est inquiétée de l’évolution des finances publiques, mais a encouragé en même temps le Luxembourg à renforcer ses atouts, tels le cadre fiscal compétitif, la stabilité économique ou les bons services administratifs. Se rappelant ses débuts de cheffe d’entreprise, Mme Mariani a souligné que l’aventure entrepreneuriale demandait beaucoup de volonté et d’efforts pour se motiver « à se lever tous les matins pour affronter les obstacles inhérents à tout projet d’entreprise ». Elle a fait appel au gouvernement d’agir comme toute autre entreprise en « bon père de famille » et de pérenniser les finances publiques. L’oratrice a été confrontée par un jeune, qui a fait allusion à la situation critique au sud de l’Europe, en demandant si « l’austérité est le bon chemin à suivre », ou biens’il valait « mieux stimuler la croissance économique par l’expansion fiscale et monétaire ? »La cheffe d’entreprise a répondu qu’il ne fallait pas diaboliser l’austérité, et que celle-ci devait être comprise dans le sens de réaliser des économies d’une façon réfléchie sans pour autant juguler la croissance.

Jean Lamesch, docteur en chimie-physique, a ouvert son intervention en expliquant au public que le Luxembourg est actuellement – et de loin – le champion mondial incontesté de la consommation d’énergie. Il a rappelé que la protection de l’environnement n’est pas seulement une science exacte dépendant de la progression technologique, mais, qu’au contraire, le comportement des êtres humains est bel et bien le facteur le plus important et décisif dans la lutte contre la pollution et la surconsommation énergétique. Le scientifique a évoqué le concept de la « tragedy of the commons » pour expliquer que la compétition pour l'accès à une ressource limitée menait invariablement à un conflit entre intérêt individuel et bien commun, conflit qui à son tour menait tout aussi invariablement à une situation perdant-perdant. Il a illustré ce concept en citant d’exemple de l’énergie nucléaire, « qui accapare des dépôts géologiques communs à toute l’humanité, pour y déposer des déchets radioactifs qui perdureront pendant 3.000 générations ; et cela pour produire de l’énergie dont profite une seule génération ». M. Lamesch a finalement souligné que la base de l’écologie se trouve dans la tête des consommateurs et que seule la réflexion et le raisonnement personnels, liés à l’éducation, permettront de changer durablement les mentalités en la matière.

Nico Steinmetz, architecte associé de Steinmetz-De Meyer, s’est inquiété de l’évolution des prix de l’immobilier, des démarches administratives très lentes, et de l’utilisation inefficiente des ressources dans la construction. Une jeune du panel s’est interrogée s’il était permis aussi à leur génération de continuer à rêver le rêve d’une maison unifamiliale entourée d’un beau jardin verdoyant. L’architecte a répondu que ce rêve était tout à fait compréhensible, mais qu’il était irresponsable et inefficient d’un point de vue énergétique et budgétaire. Il s’est fait l’avocat d’une vie urbaine moderne, qui permet de faire des économies d’échelle importantes, tant au niveau écologique qu’économique. Il a également souligné le rôle important que la vie urbaine peut jouer dans le renforcement de la cohésion sociale. Le défi serait maintenant de rendre la vie urbaine plus attrayante pour les résidants. 

Nathalie Oberweis, politologue, journaliste indépendante et activiste, a tenu un discours engagé sur un sujet particulièrement cher aux luxembourgeois, à savoir l’intégration et l’inclusion sociales. L’oratrice a mis en évidence le risque des constructions mentales dichotomiques menant à des réflexes protecteurs et à la stigmatisation des étrangers. Mme Oberweis a regretté que le Luxembourg ait récemment plutôt eu tendance à s’ériger en société d’exclusion que d’inclusion, notamment dans le domaine de l’éducation, dans l’administration publique ou encore dans son système électoral, qui connaîtrait un véritable déficit démocratique. Concernant l’importance de la langue luxembourgeoise, Madame Oberweis a souhaité que le luxembourgeois ne soit pas – comme cela serait encore trop souvent le cas – utilisé comme un critère d’exclusion, mais plutôt comme un outil pour construire des ponts entre les nationalités. L’oratrice a conclu son intervention en estimant que la nationalité et la citoyenneté ne devaient pas forcément être liées et qu’il devait suffire qu’une personne travaille, vit et habite au Luxembourg pour accéder au droit de vote, c’est-à-dire pour exercer ses droits de citoyen. 

Après les interventions des cinq orateurs, Gabriel Boisanté a ouvert le débat libre entre les jeunes et les intervenants de la soirée. Un représentant du parlement des jeunes du Luxembourg a regretté que le trilinguisme était toujours considéré au Luxembourg quasiment comme une « Sainte Trinité » et a souhaité que les langues soient davantage considérées comme simple outil de communication permettant aux jeunes de s’épanouir. Dans le débat subséquent, mené de manière souvent très vive, plusieurs sujets exposés par les orateurs dans leurs présentations ont pu être approfondis, sans qu’une réponse définitive n’ait pu être apportée à la question des solutions des problématiques discutées. 

Ce sera justement l’objet des trois ateliers thématiques qui seront organisés dans le cadre de l’initiative « 2030.lu  Ambition pour le futur » et dont le premier, portant sur les thèmes de l’éducation, de l’innovation, de l’entrepreneuriat, de l’intégration et de la solidarité, est prévu le samedi, 13 avril 2013 au Cercle Cité à Luxembourg-Ville. Informations, inscriptions et discussions sur www.2030.lu. Un enregistrement vidéo du débat de lancement sera disponible sur le portail 2030.lu dans les prochains jours.

Bob Biver, Joëlle Pizzaferri, Céline Reichel, Pierre Schumann de l’ACEL et Lisa Kersch, Magda Orlander, Philippe Roukoz, Patrick Weymerskirch, Michel Wirth, Jean Wivenes du Parlement des Jeunes ont exprimé avec verve et engagement leurs opinions, leurs ambitions, mais aussi leurs inquiétudes sur les possibles scénarios d’avenir du Luxembourg.

Les orateurs de la soirée, Mme Nathalie Oberweis, M.Nico Steinmetz, Mme Marie-Christine Mariani, M. Jean Lamesch et M. Rolf Tarrach (de gauche à droite), se sont engagés dans un dialogue intergénérationnel devant…

… un public attentif qui applaudissait les échanges parfois très animés.